Wednesday, May 10, 2006

Section I

SECTION I
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De la Raison


[1] Ayant ainsi complètement exposé le statut de la question, il nous faut procéder maintenant à sa preuve. Mais de même que l’explication brève et distincte des termes est indispensable dans la discussion de toute controverse, une méthode aisée et naturelle est non moins agréable qu’avantageuse. Il advient fort heureusement que les termes de la question actuelle s’arrangent conformément à l’ordre que je me propose d’observer ; qui est, d’abord, de montrer ce qui est signifié par la Raison, et ses propriétés ; puis de prouver qu’il n’y a aucune doctrine de l’Évangile contraire à la Raison ; ensuite de démontrer qu’il n’y en a pas non plus qui soit au-dessus de la Raison ; et par conséquent, qu’aucune d’elles n’est un mystère.
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Ce que la RAISON n’est pas
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[2] Commençons par le début. Il me semble très bizarre que les hommes aient besoin de définitions et d’explications de ce par quoi ils définissent et expliquent toutes les autres choses, ou qu’ils ne puissent s’accorder sur ce que, dans quelque mesure au moins, ils prétendent tous posséder, et qui est le seul privilège qu’ils revendiquent sur les bêtes et les choses inanimées. Mais nous trouvons par expérience que le mot Raison est devenu aussi équivoque et ambigu que n’importe quel autre, bien que tous ceux qui n’ont pas été piqués de cette vanité qu’est la singularité, ni de la démangeaison de disputer, soient au fond d’accord sur la chose. J’en traiterai ici avec le plus de brièveté possible.
[3] Ceux-là ont tort qui prennent l’âme, considérée abstraitement, pour la Raison : car de même que ce n’est pas l’idée générale de l’or qui est une guinée, mais une pièce d’un poinçon et d’une valeur déterminés, de même l’âme qui agit d’une certaine et spécifique façon est la Raison. Ils se trompent également, ceux qui affirment que la Raison est cet ordre et ce rapport qui existent naturellement entre toutes choses : car ce ne sont pas ceux-ci mais les pensées que forme l’âme d’après eux, qui peuvent proprement prétendre à ce titre. Ceux-là ne réussissent pas mieux qui appellent leurs propres inclinations ou l’autorité d’autrui par ce nom. Mais ce dont il s’agit apparaîtra mieux à partir des considérations suivantes.
[4] Tout le monde éprouve en lui-même un pouvoir ou une faculté de former diverses idées ou perceptions des choses, d’affirmer ou de nier selon qu’il voit que celles-ci sont en accord ou en désaccord ; et ainsi d’aimer et de désirer ce qui lui semble bon, et de haïr et d’éviter ce qu’il considère comme mauvais. L’usage convenable de toutes ces facultés est ce que nous appelons le sens commun, ou la Raison en général. Mais le simple acte de recevoir des idées dans l’esprit, que ce soit par l’entremise des sens, comme des couleurs, des figures, des sons, des odeurs etc., ou par la considération par l’âme de ses propres opérations sur ce qu’elle reçoit de dehors, comme connaître, douter, affirmer, nier, etc., le simple acte, dis-je, de recevoir de telles idées dans l’esprit, n’est pas strictement la Raison, car en cela l’âme est purement passiveδ. Lorsqu’un objet régulier se présente convenablement à l’œil, à l’oreille, ou à n’importe quel autre sens correctement disposé, celui-là produit nécessairement ces impressions que l’esprit ne peut refuser d’accueillir,ε et celui-ci ne peut non plus se retenir d’être conscient de ce qu’il fait, et ainsi il forme les opérations de percevoir, vouloir, nier, suspendre le jugement, et ainsi de suite.
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En quoi la RAISON consiste
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[5] Mais ces idées simples et distinctes, ainsi amassées dans le grand dépôt de l’entendement, sont l’unique matière et fondement de tout notre raisonnementζ. Car à l’occasion l’âme les compareη l’une à l’autre, les combine en idées complexes, les agrandit, contracte ou sépare, à mesure qu’elle trouve que leurs circonstances le permettent ou pas. En sorte que toute notre connaissance n’est en fait rien d’autre que la perception de l’accord ou du désaccord de nos idées dans une plus ou moins grande quantité, quel que soit le fond de cet accord ou ce désaccord. Et parce que cette perception est soit immédiate, soit médiate, notre connaissance est double.
[6] Premièrement, lorsque l’esprit, sans le secours d’aucune autre idée, perçoit l’accord ou le désaccord entre deux idées ou plus, comme deux et deux font quatre, que rouge n’est pas bleu, cela ne peut s’appeler Raison, quoique ce soit le plus haut degré d’évidence. Car ici il n’est pas besoin de discours ni de preuve, étant donné que l’évidence immédiate[1] exclut toute forme de doute et d’obscurité. Ces propositions si claires en elles-mêmes, une fois qu’on a comprisθ leurs termes, sont désignées ordinairement par les noms d’Axiomes et Maximes. Et il est visible que leur nombre est indéfini, et non pas limité seulement à deux ou trois propositions abstraites, tirées de l’observation de cas particuliers.*
[7] Mais, deuxièmement, lorsque l’esprit ne peut percevoir immédiatement l’accord ou le désaccord des idées quelconques, parce qu’on ne peut les rapprocher suffisamment et ainsi les comparer, il applique une ou plusieurs idées intermédiaires pour le découvrir ; de même, en mesurant successivement deux maisons, éloignées l’une de l’autre, avec une chaîne d’arpenteur, je trouve dans quelle mesure elles sont ou ne sont pas en accord à l’égard de la longueur, ce que je ne pourrais accomplir avec l’œil. De la même façon, à partir de la force qu’a l’air, et de l’espace qu’il occupe, je sais qu’il a de la solidité et de l’étendue ; et je sais donc qu’il est un corps (quoique je ne puisse le voir) aussi bien que le bois ou la pierre, dont il partage lesdites propriétés.ι Cette méthode de connaissance s’appelle proprement Raison ou Démonstration (comme la première s’appelle Évidence immédiate ou Intuition) ; et on peut le définir ainsi : Cette faculté de l’âme qui découvre la certitude d’une chose douteuse ou obscure en la comparant avec quelque chose de connu dans l’évidence.
[8] De cette définition on déduit clairement que l’idée intermédiaire ne peut servir de preuve quand son accord avec les deux idées de la question n’est pas évident, et que s’il faut plus d’une de ces idées intermédiaires pour faire apparaître cet accord, la même évidence est requise dans chacune d’elles. Car si la connexion entre toutes les parties d’une démonstration n’était indubitable, nous ne pourrions jamais être certains de l’inférence ou de la conclusion par laquelle nous unissons les deux extrêmes, en sorte que bien que l’évidence immédiate exclue la Raison, pourtant toute démonstration devient enfin évidente par elle-même. Il est encore plus clair que lorsque nous n’avons pas de notions ou d’idées sur une chose, nous ne pouvons aucunement raisonner là-dessus ; et là où nous avons des idées, s’il nous manque des idées intermédiaires pour montrer leur accord ou leur désaccord constant et nécessaire, nous ne pouvons jamais dépasser la probabilité.κ Mais outre ces propriétés de la Raison, il nous faut encore distinguer très soigneusement entre les moyens d’information et les fondements de la conviction, car à force de négliger cette distinction facile les hommes se sont trompés infiniment, comme je le prouverai avant d’en avoir fini.
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Des moyens d’information
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[9] Par moyens d’information, je désigne ces manières par lesquelles une chose vient simplement à notre connaissance, sans nécessairement commander notre assentiment. Par fondement de la conviction, j’entends la règle par laquelle nous jugeons de toute vérité, et qui convainc l’esprit irrésistiblement. Les moyens d’information sont l’expérience et l’autorité : l’expérience (comme vous pouvez le voir au § 4) est ou bien externe, et nous fournit les idées des objets sensibles, ou bien interne, et nous aide à arriver aux idées des opérations de nos propres esprits. C’est là le fonds de toute notre connaissance, et il nous est impossible d’avoir des idées par aucune autre manière sans de nouveaux organes ou facultés.
[10] L’autorité, ainsi appelée abusivement, comme si toutes ses informations étaient à recevoir sans examen, est ou bien humaine, ou bien divine : l’autorité humaine s’appelle aussi la certitude morale, comme lorsque je crois un témoignage intelligible rendu par mon ami, parce je n’ai aucune raison de douter de sa véracité, ni lui aucun intérêt à me tromper. Ainsi toutes les questions de fait possibles, dûment attestées comme connues par des personnes contemporaines, et successivement relatées par d’autres de différents intérêts, époques ou nations, qui ne pouvaient se tromper elles-mêmes, et qu’on ne peut à bon droit soupçonner de se liguer pour tromper autrui, devraient être reçues par nous comme certaines et indubitables, aussi bien que si nous les avions vues de nos propres yeux, ou entendues de nos propres oreilles. C’est par ce moyen que je crois qu’il y avait une ville nommée Carthage, ou un réformateur qui s’appelait Luther, et qu’il existe un royaume de Pologne. λ
[11] L’autorité de Dieu, ou la révélation Divine, est la manifestation de la vérité par la vérité même, pour qui il est impossible de mentir, et dont on parlera en détail au chapitre 2 de la section suivante. Rien dans la nature ne peut venir à notre connaissance sauf par un de ces quatre moyens, c’est-à-dire, l’expérience des sens, l’expérience de l’esprit, la révélation humaine et la révélation divine.
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Du fondement de la conviction
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[12] Or, comme nous sommes extrêmement sujets à l’erreur, il se pourrait que, sans une règle infaillible, nous tenions souvent une proposition discutable pour un axiome, des contes de bonne femme pour une certitude morale, et les impostures humaines pour une révélation divine. Cette règle infaillible, ou fondement de toute bonne conviction, est l’évidence, et elle consiste dans l’exacte conformité de nos idées ou pensées avec leurs objets, ou les choses auxquelles nous pensons. Car comme nous n’avons en nous que des idées et non pas les choses elles-mêmes, c’est par ces premières qu’il faut formuler un jugement de ces dernières.
[13] Les idées, donc, étant des êtres représentatifs, leur évidence consiste naturellement dans cette propriété de vraiment représenter leurs objets. Non pas que je pense que toute idée ait un modèle parfait à représenter, comme la longueur et le mouvement dans mon esprit sont semblables à ceux de la plume que je manieμ ; car il y a des idées qui ne sont que le résultat de certains pouvoirs des particules des corps d’occasionner en nous des sensations particulièresν, ainsi la douceur du sucre et le froid de la glace ne leur est pas plus inhérents que n’est la douleur au couteau qui me coupe, ou la maladie au fruit qui me donne une indigestion. Mais bien qu’ilsξ n’aient pas d’existence en dehors de notre imagination, le plaisir, la douleur et les autres qualités qu’elles excitent, nous montrent pourtant le bien ou le mal que leurs sujets peuvent nous faire ; ce qui fait que les connaître est aussi utile que de connaître les propriétés qui existent vraiment dans les choses elles-mêmes. Sans la chaleur et la lumière du feu, à quoi serviraient sa figure et sa quantité ? Et qu’est-ce qui fait le prix de l’ambre gris si ce n’est son parfum ? La raison, donc, pour laquelle je crois évidente l’idée d’une rose est la vraie représentation que celle-là me donne de la fleur. Je sais qu’elle est vraie parce que la rose doit contenir toutes les propriétés que présente son idée, soit vraiment, comme la grandeur et la forme, soit en les occasionnant, comme la couleur, le goût, l’odeur. Et je ne peux en douter, car les propriétés doivent appartenir à la cause exemplaire[2], ou au rien, ou doivent être des inventions de mon propre cerveau ; mais le rien ne peut avoir aucune propriété, et je ne peux forger une seule idée à ma guise, ni éviter d’en recevoir quand les objets travaillent sur mes sensο. Par conséquent, je conclus que les propriétés de la rose ne sont pas les créatures de ma fantaisie, mais qu’elles appartiennent à la cause exemplaire, c’est-à-dire à l’objet.
[14] L’évidence des idées des opérations de l’esprit est aussi infaillible que celle de notre propre être, et si, par impossible, nous mettions ce dernier en question, ce ne servirait qu’à nous en fournir une plus grande assurance. Car, outre la supposition inévitable de notre existence dans cette proposition même : je doute si je suis, il est clair que tout ce qui doute doit être quelque chose aussi bien que ce qui affirme, et ce quelque chose je l’appelle moi-même. Et si maintenant nous exigeons strictement cette évidence pour tous les accords et les désaccords dans les choses purement spéculatives, et dans la mesure du possible en ce qui concerne la pratique de chaque jour (car celle-ci doit nécessairement admettre la probabilité pour suppléer au défaut de la démonstration), nous pourrons, sans dépendance paresseuse de l’autorité, ni progrès à l’infini sceptique, réussir à dépister la vérité et à l’amener voir la lumière, tirée de ces cavernes où elle est censée être cachée. Il est impossible que nous errions tant que nous prenons l’évidence pour guide ; et nous ne nous trompons jamais sauf lorsque nous nous en écartons à force d’abuser de notre liberté, en déniant à une chose ce qui lui appartient, ou en lui attribuant ce que nous ne voyons pas dans son idée. Voilà l’origine principale et universelle de toutes nos erreurs.
[15] Mais Dieu, le sage créateur de tout (dont il faut parler et auquel il faut penser toujours avec vénération), qui nous a fait capables de percevoir les choses, et de formuler des jugements à leur propos, nous a aussi investi du pouvoir de suspendre nos jugements sur tout ce qui est incertain, et de ne jamais donner notre assentiment qu’aux perceptions claires. Il est si loin de nous imposer aucune nécessité de nous tromper que, de même qu’il nous a accordé le privilège d’une part de nous garder contre le préjudice ou la précipitation, en mettant notre liberté dans ce qui est indifférent, ou douteux et obscur, de même il assure que nous discernions et embrassions la vérité, en nous ôtant le pouvoir de nier une proposition évidente. Il nous faut nécessairement croire qu’il est impossible que la même chose soit et ne soit pas à la fois, et le monde entier ne peut nous convaincre d’en douter. Mais il n’est pas nécessaire que nous admettions qu’il n’y ait aucun vide dans la nature, ni que la terre effectue un cours annuel autour du soleil, jusqu’à ce qu’on nous en fournisse des démonstrations.
[16] πEt pour cette raison attribuons toutes nos fausses notions à nos propres préventions et inattentions : confessons que notre destruction est de nous-mêmes [Pie. 2.1], et remercions joyeusement celui qui dispose de nous avec bienveillance, qui nous a placés sous une loi de soumission à la lumière et à la majesté de l’évidence. Et en vérité, si nous pouvions douter d’une chose qui est claire, ou être trompés par des conceptions distinctes, il ne pourrait rien y avoir de certain : on ne devrait avoir confiance ni en la conscience[3], ni en Dieu lui-même : aucune société ni gouvernement ne pourrait subsister.ρ
[17] Si on demande pourquoi il arrive qu’on refuse son assentiment à de vraies propositions, puisque l’évidence l’exige nécessairement, je réponds : c’est parce qu’elles ne sont pas rendues évidentes. Car la clarté et l’obscurité sont des termes relatifs, et ce qui est l’une ou l’autre pour moi pourrait bien être le contraire pour quelqu’un d’autre. Si on transmet une chose dans des mots que l’auditeur ne comprend pas, ou si on ne démontre pas qu’elle s’accorde avec d’autres vérités déjà très claires, ou rendues telles à ce moment, il ne peut les concevoir. De la même façon, si l’on n’observe pas l’ordre de la nature et la simplicité convenable, l’auditeur ne peut voir si les propositions sont évidemment vraies ou fausses ; et donc il suspend son jugement (si aucune affection ne l’influence) là où un autre recevrait peut-être entière satisfaction. C’est ainsi que nous attribuons fréquemment, avec indignation et étonnement, à la stupidité et à l’entêtement des autres, ce qui est le fruit de la confusion de notre propre ratiocination, faute d’avoir parfaitement digéré nos pensées ; ou de l’adoption d’expressions ambiguës, et du fait d’en utiliser de telles que l’autre n’en a aucune idée, ou en a d’autres que les nôtres.


NOTES
δ [Cette phrase est modifiée comme suit dans la deuxième édition :]
Mais le simple acte de recevoir des idées dans l’esprit, que ce soit par l’entremise des sens, comme des couleurs, des figures, des sons, des odeurs etc., ou que ces idées soient les opérations élémentaires de l’âme sur ce qu’elle reçoit ainsi de dehors comme la simple conscience [anglais : as meer Consciousness], comme par exemple, connaître, affirmer ou nier, sans aucune autre considération, ce simple acte, dis-je, de recevoir de telles idées dans l’esprit, n’est pas strictement la Raison, car en cela l’âme est purement passive.

ε [Chapitre 1 se termine comme suit dans la deuxième édition :]
… refuser d’accueillir. Et nous pouvons trouver qu’il peut aussi peu se garder d’être conscient de ses propres pensées ou opérations concernant cet objet. Ainsi, lorsque j’ai les yeux ouverts et sains, comme en ce moment, j’ai non seulement une idée du tableau qui est devant moi, mais également je sais, je perçois et j’affirme que je le vois, je le considère, il me plaît, je voudrais qu’il soit à moi. Et ainsi je forme, ou plutôt de cette façon sont d’abord formées en moi les idées de connaître, percevoir, affirmer, nier, considérer, vouloir, désirer, et les idées de toutes les autres opérations de l’esprit qui sont occasionnées par des impressions antécédentes produites par des objets sensibles.
Par le mot IDEE, dont je me sers tant ici, et davantage encore dans le discours suivant, je comprends l’objet immédiat de l’esprit lorsqu’il pense, ou ma pensée que l’esprit emploie sur n’importe quelle chose, qu’une telle pensée soit l’image ou la représentation d’un corps, comme l’est l’idée d’un arbre ; ou qu’elle soit une sensation occasionnée par un corps quelconque, comme le sont les idées de froid et de chaleur, d’odeurs et de goûts ; ou que, pour en finir, elle soit une pensée purement intellectuelle ou abstraite, comme le sont les idées de Dieu et des Esprits créés, de l’argumentation, de la suspension, de la pensée en général, et d’autres semblables.
[Ce dernier paragraphe est numéroté « 5 ». En conséquence, la numérotation de chaque paragraphe jusqu’à la fin de cette section est changée dans la deuxième édition. N.d.T.]

ζ [Cette phrase est modifiée comme suit dans la deuxième édition :]
Mais bien que ces idées simples et distinctes, ainsi amassées dans le grand dépôt de l’entendement, ne soient pas, comme nous l’avons remarqué, ce que nous appelons strictement Raison, elles sont pourtant l’unique matière et fondement de tout notre raisonnement.

η [La deuxième édition porte :]
Car à l’occasion l’esprit [angl. : the Mind] les compare ...

[1] Anglais : « Self-evidence » Dans notre traduction de ce terme nous suivons celle de Coste dans sa traduction de L’Essai sur l’entendement humain de Locke. Toutefois, il faut signaler le lien entre ce self-evidence et le self-evident, ce qui est évident(e) par elle/lui-même (cf. §8 de ce chapitre), bien que notre traduction ne l’explicite pas. [N.d.T.]
θ [La deuxième édition porte :]
Ces propositions si claires en elles-mêmes qu’elles n’ont pas besoin de preuves, une fois qu’on a compris ...

* [Dans la deuxième édition, la fin de cette phrase est comme suit :]
… propositions abstraites, tirées (comme l’est tout axiome) de l’observation de cas particuliers, comme : le tout est plus grand que n’importe quelle partie, ou le rien ne peut avoir aucune propriété.
ι [Le texte suivant s’ajoute à la deuxième édition :]
Ici, ce sont la solidité et l’étendue qui me servent de chaîne d’arpenteur pour trouver que l’air et le corps sont homogènes, car la solidité et l’étendue conviennent à tous les deux. Nous prouvons que la plus infime particule imaginable de la matière est divisible en prouvant que tout corps est divisible, parce que toute particule est également un corps ; et de la même façon on infère la mortalité de tout corps vivant de sa divisibilité.

κ [Dans la deuxième édition, le texte suivant remplace ce texte qui, dans la première, suit « probabilité » :]
Bien que nous ayons une idée d’habitée et une idée de la lune, nous n’avons pas pourtant d’idée intermédiaire pour montrer entre elles une connexion nécessaire qui nous ferait conclure certainement que cette planète est habitée, quelque probable que cela puisse sembler. Or, puisque la PROBABILITE n’est pas la CONNAISSANCE, je bannis toute hypothèse de ma PHILOSOPHIE, parce que si j’en ajoute autant que je veux, ma connaissance pour autant n’en sera point augmentée ; car si une connexion évidente n’apparaît entre mes idées, il se pourrait que je prenne le mauvais côté d’une question pour le bon, ce qui équivaut à ne savoir rien sur la question. Lorsque je suis arrivé à la connaissance, je jouis de toute la satisfaction qui l’accompagne ; là où je n’ai que probabilité, je suspends mon jugement, ou, s’il vaut la peine, je cherche la certitude.
[La dernière phrase de ce chapitre dans la première édition, « Mais outre ces propriétés... », devient maintenant la première phrase du chapitre suivant.]

λ [Le texte suivant s’ajoute à la deuxième édition ]:
Lorsque toutes ces règles coïncident dans un fait quelconque, je tiens cela pour démonstration, qui n’est rien d’autre que l’évidence irrésistible de preuves adéquates ; mais lorsque n’importe laquelle de ces conditions fait défaut, la chose est incertaine, ou, au mieux, n’est que probable, ce qui, pour moi, n’est pas très différent.

μ[La deuxième édition porte le suivant :]
... comme les idées de la longueur et du mouvement dans mon esprit sont semblables à la longueur et au mouvement de la plume que je manie ...

ν [Depuis « car » jusqu’a « particulières » est en italique dans la deuxième édition.]

ξ [La deuxième édition porte :]
Mais bien que de telles idées occasionnelles ...

[2] Anglais : « the exemplary cause ». Toland utilise ce terme ici dans un sens très différent de celui qu’on rencontre normalement, c’est-à-dire une idée qui sert de modèle pour la création, par l’artiste ou par le Démiurge, des objets sensibles, qui en seront des copies. Bien qu’il y ait peut-être une analogie possible entre cette notion et celle de Toland, il faut voir que la cause exemplaire de Toland s’opère dans l’autre sens, commençant avec l’objet sensible, qui se prête à être imité par l’entendement qui en formera des idées. [N.d.T.]
ο [Depuis « rien ne peut » jusqu’à « mes sens » est en italique dans la deuxième édition.]

π [Le texte suivant s’ajoute au début de ce paragraphe dans la deuxième édition :]

[3] Anglais : « the Conscience … » . [N.d.T.]
ρ [La phrase suivante s’ajoute à la fin de ce paragraphe dans la deuxième édition :]
Mais il est vrai que, si nous ne pouvions suspendre notre assentiment à des propositions douteuses, la bonté toute-puissante serait la vraie cause de toutes nos erreurs (ce qui est impossible).